La polyvalence chromatique du noir

EPFL+ECAL LabJoëlle Aeschlimann, Tommaso Colombo, Delphine Ribes, Nicolas Henchoz
Laboratoire de traitement des signaux LTS5Jean-Philippe Thiran
GamayaLuca Baldassarre, Manuel Cubero-Castan, Ellen Czaika, Vlad Lapadatescu, Dragos Constantin
Egli Studio – Yann Mathys, Thibault Dussex
Atelier HĂ©ritier, GenĂšve – Pierre-Antoine HĂ©ritier, conservateur-restaurateur

La bibliothĂšque de trente-deux pigments noirs constituĂ©e par le conservateur-restaurateur Pierre-Antoine HĂ©ritier propose un aperçu de l’extraordinaire diversitĂ© des pigments susceptibles d’entrer dans la composition d’une peinture. D’origine organique, minĂ©rale ou synthĂ©tique, ils prĂ©sentent chacun de subtiles variations de nuances. Selon leurs propriĂ©tĂ©s (dont l’indice de rĂ©fraction, le pouvoir couvrant, la morphologie), leur granulomĂ©trie (la noirceur est d’autant moins Ă©levĂ©e que le pigment est finement broyĂ©), leur aspect lisse ou structurĂ© (suivant le liant et le mode d’application), la perception du noir se modifie d’autant.

L’expĂ©rience conduite par l’EPFL+ECAL Lab souhaite rĂ©vĂ©ler la polyvalence chromatique des toiles monopigmentaires* de Pierre Soulages. Entreprise avec le concours du Laboratoire de traitement des signaux LTS5 et de la start-up Gamaya, elle recourt Ă  l’utilisation d’une camĂ©ra dite hyperspectrale – appareil habituellement utilisĂ© dans l’agriculture lors de prises de vue aĂ©riennes pour examiner l’état des champs et des cultures – capable de capter sĂ©parĂ©ment les diffĂ©rentes couleurs composant le spectre lumineux.

Alors que l’oeil humain perçoit la lumiĂšre visible comme blanche, la camĂ©ra hyperspectrale a captĂ© de maniĂšre distincte le flux de lumiĂšre visible renvoyĂ© par un Outrenoir, couleur par couleur. L’EPFL+ECAL Lab a ensuite traduit les donnĂ©es recueillies en une installation interactive prĂ©sentant une projection de la « carte hyperspectrale » du tableau en question. Cette reprĂ©sentation visuelle correspond Ă  une surface digitale en constante Ă©volution qui Ă©voque l’interaction entre la lumiĂšre et l’oeuvre, mais aussi les variations qui surviennent dĂšs lors que le visiteur se dĂ©place ou que l’éclairage ambiant Ă©volue.

Proposant une perception inĂ©dite des diffĂ©rentes couleurs de la lumiĂšre qui anime un Outrenoir, ce dispositif crĂ©e un contraste fĂ©cond avec la possibilitĂ© offerte ensuite au public d’aborder l’oeuvre sans le moindre artifice.

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* Pierre ENCREVÉ, « Le noir et l’outrenoir », in Soulages, Noir LumiĂšre, Paris, MusĂ©e d’Art moderne de la Ville de Paris, 1996, p. 37.