The Bot’s Collection
2014-2016
Installation vidéo à trois canaux, Full HD, 16:9, son, durée 9:40 min, diffusion en boucle
Ecrans, mini-ordinateur, support en bois, cĂąbles, dimensions variables
Cinq moules dâarticles achetĂ©s sĂ»r et reçus du Darknet, polyurĂ©thane
Random Darknet Shopper est un bot (un script automatisĂ©) dĂ©diĂ© au shopping en ligne, activĂ© dans trois espaces dâexposition et dans trois pays diffĂ©rents entre 2014 et 2016. DotĂ© dâun budget en bitcoins Ă©quivalent Ă 100 dollars par semaine, le programme partait faire ses emplettes sur le deep web, ou Darknet, choisissait et achetait un article par semaine, et faisait livrer celui-ci au lieu dâexposition.
Les marchĂ©s clandestins du web sont un parfait exemple de la maniĂšre dont lâinternet en gĂ©nĂ©ral, et les darknets en particulier, contribuent Ă rendre floues les zones dâinfluence lĂ©gales nationales. Globaux, ces marchĂ©s chevauchent plusieurs juridictions, mettent en doute la notion de lĂ©galitĂ© et gĂ©nĂšrent de vastes zones grises qui rendent quasi tout disponible quasi partout.
Lors de sa premiĂšre « mission », Ă la Kunsthalle de Saint-Gall (dâoctobre 2014 Ă janvier 2015), Random Darknet Shopper avait achetĂ© 12 articles en ligne, tous exposĂ©s dans les galeries de lâinstitution. La sixiĂšme commande passĂ©e par le bot Ă©tait un paquet de dix pilules dâecstasy, livrĂ©es sans encombres et dĂ»ment exposĂ©es elles aussi.
« Un robot, ou un software, peut-il ĂȘtre arrĂȘtĂ© sâil commet un acte rĂ©prĂ©hensible? Qui est coupable lorsquâun code se comporte de maniĂšre criminelle? », demandait alors le journaliste Mike Power dans un article consacrĂ© Ă lâĆuvre dans les pages du Guardian.
Ces questions dâintĂ©rĂȘt global prirent ensuite une tournure trĂšs locale: le matin du 12 janvier 2015, le jour suivant la fin de lâexposition, le procureur du Canton de Saint-Gall fit saisir le Random Darknet Shopper. Cette arrestation fit sensation, car câĂ©tait la premiĂšre fois quâun robot Ă©tait arrĂȘtĂ© pour avoir commis un acte illĂ©gal. Sans pourtant quâon puisse clarifier qui Ă©tait effectivement responsable pour les actes du bot â celui-ci mĂȘme, les artistes, lâinstitution montrant lâĆuvre ou ses employĂ©s.
Dans son ordre de retrait de plainte, le procureur finit par dĂ©clarer que les questions soulevĂ©es par Random Darknet Shopper relevaient dâun intĂ©rĂȘt public prĂ©valant, et que la possession et lâexposition de drogue se justifiait donc dans le contexte de lâĆuvre. Les artistes tout comme le bot furent acquittĂ©s.